Slide Images

1 – Installation View I

2 - Installation View II

3 - Installation View III

4 - Water Over Stone, 2021

5 - Feet, 1992-2021
Occupied Space: 62cm x 182.8cm (142" x 72")

6 – Feet detail, 1992-2021

7 - Heads, 1993-2021
Occupied Space: 360cm x 200cm (142" x 79")

8 - Heads detail, 1993-2021

9 - Installation View IV

10 - Assemblages Detail

11 - Assemblages Detail II

12 - Assemblages Detail III

13 - Assemblages Detail IV

14 - Assemblages Detail V

15 - Assemblages Detail VI

16 - GINA - From the collection of Musée des beaux-arts de Montréal, 1989

17 - Leaf, 2004-2021
Occupied Space: 134cm x 102cm x 15.2cm (53" x 40" x 6")

18 - Pod, 2004
Occupied Space: 152.2cm x 18cm x 15.2cm (60" x 7" x 6")

19 - Steel/Stone 2002-2021
Occupied Space: 287cm x 162.2cm (11" x 64")

20 - Tools I, 2021
Occupied Space: 302.2cm x 160cm (119" x 63")

21 - Tools II, 2021
Occupied Space: 213.2cm x 157.4cm (84" x 63")

22 - Installation View V

As I Walk, 2021

As I Walk at the Darling Foundry, Montreal.

SYLVIA SAFDIE, UNE ŒUVRE DE COLLECTES - Texte de Caroline Andrieux La Grande salle de la Fonderie Darling est investie cet automne par l'exposition As I Walk, nouvelle itération de la précieuse collection de minéraux et de végétaux de l'artiste montréalaise d'origine israelienne, Sylvia Safdie.

« The collection has been in a constant state of transformation. I have organized them and reorganized them over and over again in search of new meanings and associations. Certain sculptures have been recycled and reassembled into new ones » - Sylvia Safdie

Ces innombrables éléments organiques sont glanés, récoltés, choisis avec soin ou s’offrent à l’artiste à l’occasion de marches, un rituel qui fait partie intégrante de son processus créatif et qu’elle réalise lors de ses nombreux voyages de par le monde tout autant que dans son proche environnement.

« What makes me reach for one item instead of another? There is always something behind an act or a gesture that is veiled. There is always something that comes from a hidden place in the unconscious or in our memory. As I reach for an object or turn my camera to capture a moment I often have a feeling that the object or moment has found me as much as I have found it. » - Sylvia Safdie

Les éléments se présentent ici regroupés méthodiquement par familles de matière et de forme, bien que parfois classés selon une logique mystérieuse, propre à l'artiste. Pierres aux allures de pieds ou de têtes, feuilles et bois séchés aux galbes élégants, branches aiguës comme des lances, fruits exotiques figés dans leur mûrissement, eaux sensuelles d’une rivière sur une roche humide … Fascinée par les interactions entre les éléments de la nature et le corps humain, l’artiste utilise la matière brute qu’est sa collection, la modèle et la réorganise sans cesse, tel un immense album, inventaire ou herbier poétique et philosophique, destiné autant à l'étude qu'à la rêverie.

« Over the years I have given a great deal of thought to what I collect and why I collect earth fragments. I think that any gesture that you make or a ritual you create is an attempt to try and to seize or mark a moment or an instance. » - Sylvia Safdie

Sans les tailler ni les altérer, elle associe ses collectes le plus souvent les unes aux autres, parfois les prolongeant, les contenant, les répliquant par la technique de la ferronnerie ou du moulage. Selon différentes configurations ou grilles préétablies, les objets sont installés à même le sol, disposés soigneusement sur des étagères, suspendus ou encore leur image se trouve projetée sur la surface de béton. Cette organisation quadrillée fait écho à des chartes chromosomiques, montrant différences et similitudes, rappelant que bien que ressemblante, chaque entité est unique, tant par sa forme que par sa nature. Multitude d’objets aux origines diverses, fragments de notre monde, l’artiste les recompose et recrée son propre monde, à l’intérieur duquel elle s’autorise tous les écarts, comme l’intégration de vieux clous dans l’une des séquences ou de matrices de métal prenant en tenaille des roches.

« Each organic fragment holds scars and markings, the process of nature. Each fragment belongs to a particular place. I have been conscious that the moment I remove it from its place of origin I stop its natural process of evolution and transformation. It becomes open to new meanings and associations. » - Sylvia Safdie

Rappelant la rigueur du travail d’une scientifique qui déploie de façon structurée ses recherches, tout autant que l’enthousiasme d’une enfant qui dévoile les trésors de ses quêtes, l’œuvre de Sylvia Safdie oscille entre le sérieux d’une démonstration et la légèreté d’un jeu obsessif. Elle évoque également le déplacement et la délocalisation. Cette situation migratoire, Sylvia Safdie l’a personnellement vécue, lors de sa jeunesse dans un Moyen-Orient tiraillé puis encore adolescente immigrante au Canada. Son œuvre porte ainsi un message pacifique, d’union et de réconciliation.

« Each person’s life is dominated by a central event, which shapes and distorts everything that comes after it and, in retrospect, everything that came before. For me, it was moving from Israel to Canada at the age of 11. It was an enormously difficult experience. The language of your origin no longer serves you and you have not yet learned the “new language”. Now, looking back I am able to understand the rich process of dislocation and relocation. You are able to bring things from your past into the present and create your own language. » Sylvia Safdie

Cette exposition est aussi intimement liée à l'histoire de la Fonderie Darling, car plusieurs des œuvres présentée ici et notamment Gina, gracieusement prêtée par le Musée des beaux-arts de Montréal, a été produite ici alors que le lieu était encore en pleine activité industrielle, en 1988. Ces cinq petites sculptures de fonte composant Gina, répliques de cinq courges rondes, font métaphoriquement le lien entre l'ancienne et la nouvelle vocation du lieu, montrant comment l'art a su préserver, figer dans le temps ce lieu exceptionnel.

L'atelier de Sylvia Safdie situé à proximité de la Fonderie Darling est l’un des ultimes petits bastions industriels dans Griffintown en péril aujourd’hui dans un quartier en pleine mutation que l’artiste et son conjoint feu John Heward ont transformé en lieu de travail et de vie dès les années 1970. En transposant quasiment tel quel l'atelier de l’artiste à l'espace d'exposition, la Fonderie Darling a voulu d’une certaine façon rendre hommage à cet espace remarquable tout en soulignant la grande perte de bâtiments industriels dans le quartier, non seulement pour le patrimoine architectural mais aussi pour les artistes qui y trouvaient des espaces de travail précieux pour exercer leur art.